Rencontre (nouvelle)

Alhambra

Rencontre (nouvelle)

14

16/06/08 à 18:15

[ Hum bon voilà, c'est un texte qui m'est venu comme ça, je ne sais pas trop pourquoi. J'attends vos avis . ]

Il y a, sur la plage, une jeune fille, presque nue, uniquement vêtue d’une longue, fine et transparente tunique blanche, malgré le froid glacial de ce soir d’hiver.
Je ne sais pas qui c’est, je ne l’ai jamais vue. Mais elle est si jolie, elle a de longs cheveux noirs, épais et ondulés, que le vent agite violemment, la transparence de sa tunique révèle des formes pulpeuses, bien dessinées, elle a de jolies jambes, une couleur de peau très légèrement halée, mais qui a l’air très douce. Je ne peux m’empêcher de la regarder. Je suis subjugué.
De là où je suis assis, je la vois de trois quart, mais je suis assez près pour savoir qu’elle souffre. Elle est droite, stoïque, et elle serre ses bras contre son ventre. Elle baisse la tête, souvent, puis la relève rapidement, comme agitée d’un nouveau sanglot. D’ailleurs je ne sais pas si elle pleure vraiment, mais elle pleure à l’intérieur.
Il me semble que je pourrais la regarder des heures. J’aimerais pouvoir la toucher, l’effleurer, la comprendre, comme une œuvre d’art. Oui, elle est comme une statue mystérieuse, que l’on observe sans s’en lasser, pour essayer de palper son sens, du mieux possible.
Et tout d’un coup, la mer, bleue foncée, semble s’agiter un peu plus, les vagues sont plus hautes et le bruit qu’elles font, quand elles s’abattent sur le sable, est plus violent. Et tout d’un coup, le vent lui même semble souffler plus fort, si bien qu’un sifflement aigu recouvre la plage, et que le sable s’envole au loin. Et tout d’un coup, la jeune fille se met à hurler. Ce sont des cris d’abord, des cris déchirants, profonds. Des cris rauques, qui sortent du ventre, du cœur. Puis, ce sont des paroles. Je ne les saisis pas tout de suite, à cause du bruit des vagues, à cause du bruit du vent, à cause aussi de ses sanglots, qui étouffent ses mots. Puis, petit à petit, je reconnais des phrases, et, comme hypnotisé, je l’écoute.
« Il est où celui qui m’appelle « Ma belle », qui me susurre des mots doux à l’oreille ? Hein ? Il est où celui qui me serre dans ses bras, dans ses putains de gros bras tout doux ? Il est où celui qui me connait mieux que personne, qui me console avant même que j’ai réellement montré que j’allais mal ? Il est où ? »
C’est un appel, une recherche. Et moi j’ai tellement mal de l’entendre comme ça, que plus que tout, j’espère que quelqu’un sortira de la mer, qu’elle scrute avidement, et viendra la consoler. J’espère qu’une présence l’aidera, la soutiendra, comme elle en a besoin.
Mais personne ne vient, et la jeune fille continue de hurler, de pleurer, s’égosille à s’en arracher la gorge. Mais elle a besoin de quelqu’un ! De quelqu’un pour la serrer très fort, pour lui dire que tout ira bien … Mais pourquoi personne ne vient ? Il me semble que maintenant, quelqu’un va venir, parce que ça ne peut plus durer comme ça, on ne peut pas être aussi seul. Et pourtant, personne ne vient …
« Pourquoi, pourquoi ? Hurle la jeune fille. Pourquoi moi ? Seule, toujours seule ! Où es-tu ? »
Et soudain, je comprends. La personne dont elle a besoin, c’est moi ! Il n’y a que moi ici, qui puisse vraiment l’aider !
Alors je descends de mon banc, je dévale les quelques marches qui mènent sur la plage, je trébuche sur le sable, en courant jusqu’à elle. Là, je l’attrape, je l’étreins, je la force à s’asseoir, et je lui dis :
« Tout va bien maintenant, tout va bien. Je suis là. »
Et elle étouffe ses sanglots dans mes bras.
Je ne sais pas qui elle est, elle ne sait pas qui je suis, mais je crois que tous les deux, nous avions besoin l’un de l’autre.