Voilà la suite de l'histoire :
La mère de Julien rentra. Je demandai à Sharwyn avec complicité ce que je devais dire de ma place officielle à Arradon. J’étais un ami, tout simplement. Julien exposa la situation, et Mme Aubry sembla peu expressive mais affirma, d’un ton neutre, qu’une chambre avec deux lits faits se trouvait à l’étage. Au fond, cela semblait surréaliste. Julien avait beau avoir une bonne volonté exceptionnelle, sa mère ne pouvait tout de même pas accepter d’héberger des amis de son fils... Ces passages-là semblent tirés d’une histoire miraculeuse : notre chambre au chaud, dernière chance qui nous sauvait de la nuit tombée. Ultime réconciliation avec le soir, venait notre bonheur promis.
Environ une heure s’écoula ensuite, où Julien, Constance et Sharwyn rigolèrent de blagues futiles et enjouées, sa mère approuvant peu l'enthousiasme débordant de son fils. De son côté, elle finissait la réalisation d'un fauteuil fait main. Je faillis faire part à Sharwyn de mon malaise de ne pouvoir participer à leurs histoires très personnelles ou allusives. On parla ensuite de commander des pizzas au Super U du coin, et l’idée me réintégra au périple. Vers 19h, sous nos parapluies, nous repartîmes vers le repas heureux qui ouvrait la marche de l'appétit. Sharwyn et moi avions un peu d’avance, pour parler au calme, loin de l’excitation du couple qui nous avait sauvés. Elle m’annonça la suite du programme : on rentrerait de la pizzeria vers 21h30, Constance repartirait alors, et après une discussion calme à trois, nous irions dans notre chambre, tous les deux, vers 23h. J’aurais préféré passer ma soirée seulement avec Sharwyn, mais je leur devais bien cette concession qui ne retirait rien au miracle de l’accord parental. Arrivés à la pizzeria du Super U, on commanda quatre pizzas à manger sur place. Constance et Julien arrivèrent un quart d'heure après nous. Je pus à nouveau m’intégrer à la conversation qui laissait de grands silences de dégustation. Autour de ces merveilleuses pizzas qui nous réchauffaient, un moment de convivialité dénouait la lutte d'un après midi entier. Un grand bonheur s’exprimait dans les saveurs italiennes où un soir heureux promettait une nuit douce et confortable. Des odeurs ensoleillées s'échappaient du four, et la courbe du soir offrait l'harmonie d'une victoire.
Une sonnerie de téléphone portable nous interrompit, un poison allait éclore. Elise appelait pour confirmer qu’elle ne pouvait loger personne. La mère de Julien nous appela ensuite, pour dire qu’en fin de compte, elle refusait d’héberger des jeunes qu’elle connaissait peu et qui n’avaient aucune raison de vouloir dormir sous son toit. J’avais peine à y croire et m’accrochai au soutien de Julien et Constance. Sharwyn et moi partagions le même désarroi, face aux restes de pizzas qui prenaient le temps de refroidir. La nuit d’Arradon nous refusait, les dernières portes se fermaient, l'une après l'autre. Constance partagea malgré elle notre mauvais sort, renforçant le malaise général. Pauline nous téléphona pour répéter l’impossibilité de venir chez elle, malgré notre « forcing ». Sharwyn trouva à peine la force de s’énerver contre elle, à quoi bon ? Le portable de Sharwyn s’éveilla ensuite : sa mère avait appelé chez Pauline et n’avait pas pu parler à sa fille, elle cherchait des explications. Sharwyn lui expliqua qu’elle mangeait une pizza et qu’elle retournerait chez son amie ensuite. Jugeant la soirée DVD assez longue, sa mère lui imposa le rendez vous à midi le lendemain au lieu de 15h. Les restes morts dans les assiettes témoignaient du grand échec. Les cartes d’un château s’écroulaient. Aucune chambre au chaud en vue, ni les moyens de payer l’hôtel deux nuits. De toutes façons, les parents de Sharwyn n’accepteraient pas la sortie du lendemain soir. Je proposai bien contre mon gré d'anticiper mon départ d'un jour, ce qui différait le problème de la seconde nuit. L'irritation d'un chagrin m’envahit, on projetait de m’envoyer à l’hôtel pendant que Sharwyn rentrerait chez elle, une voiture la chercherait. J'avais de quoi payer les deux nuits seul, et Sharwyn aurait détesté avoir une dette si je lui avais avancé l'hôtel. Nous avions ainsi perdu les moments doux et tendres, pleins de rêves éveillés et de chaleur lisse quand un rayon de lune passe, fugitif, sur l’amour uni. Cette image me venait d’elle et m’avait ému durant notre correspondance.
A suivre...
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1/5 |
10/04/2008 à 22:11 |
Je trouve ça dommage qu'il y ait toujours aussi peu (ou carrément pas) de commentaires sur tes textes.
J'aime bien ce que tu écris. C'est simple, efficace et ça a du style.
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2/5 |
10/04/2008 à 22:53 |
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3/5 |
10/04/2008 à 22:56 |
Génial. Vivement la suite
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4/5 |
10/04/2008 à 23:32 |
J'aime.
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5/5 |
18/04/2008 à 12:35 |
Merci pour vos commentaires, j'ai mis la suite... Bisous et bon week end !