Voici, un texte sans grande prétention, j'attends vos avis, merci d'avance.
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Silhouettes qui marchent dans la rue, qui avancent, que je croise, qui courent et dont le regard m’effleure. Vous me voyez sans me regarder, vous me frôlez sans jamais me toucher. Vous passez, mais jamais ne vous retournez. Sans état d’âme, c’est l’indifférence qui semble vous guider. Elle vous amène sur une route dont je méconnais le nom, un but que je n’ai su trouver. La face placide, le regard sans consistance vous avancez, jamais de question vous ne posez. Droit devant, vous marchez. Un instant je capte un regard, un œil tourné dans ma direction, un soupçon d’intérêt, une once d’empathie. Je crois voir s’allumer une faible lueur, le firmament d’une émotion chez celui-la. Il est presque perplexe, probablement se demande-t-il ce que je fais là, pourquoi je n’avance pas comme lui. Un coup de vent, la maigre lueur s’éteint, ce frileux regard s’envole, ce n’est plus qu’une illusion. Il continue sa route, comme tous les autres. Moi je les regarde, je n’ignore aucun d’eux, mes yeux plongent en chacun, je sais voir. Je m’interroge sur ce qu’est leur existence. Où vont-ils ? Celle-ci, la mine fraîche et une peau blanche comme la craie, les cheveux malmenés par le vent d’automne, va-t-elle chercher ses enfants à la sortie de l’école ou bien rendre visite à l’amant de ses passions ? Celui-la, des traits jeunes et lisses, l’air intimidé et le pas peu assuré, se rendrait-il à un premier rendez-vous galant ou s’inquiète-t-il de croiser le parent qui ne sait pas qu’il sèche le lycée. Ils marchent, ils me croisent mais ne me regardent pas. Ils suivent ce chemin qu’ils ont tous en commun, celui de la vie.
Ce chemin, moi je n’y ai pas eu droit. Néanmoins, j’ai d’abord cru pouvoir l’emprunter comme tous, jusqu’au jour où la vie m’a déshérité. Longtemps je me suis vu parmi eux, ceux qui vivent leur monde cloîtrés dans l’indifférence. J’ai pensé devenir un des acteurs de ce gigantesque théâtre à ciel ouvert mais j’ai fini en spectateur. Les acteurs de cette pièce ont la particularité de mépriser leur public, ils l’ignorent, car il n’avance pas comme eux, ils le repoussent car il les effraie. Assis dans mon coin je dois les observer, c’est tragiquement ma seule occupation et c’est d’une certaine façon mon emploi. Ma tâche c’est de scruter ce grouillement de vie, de l’estimer, le juger, de l’envier. Je suis là pour leur rappeler leur chance. Cette vie qui m’a abandonné, elle m’a laissé sur le bord du sentier, je l’ai sans doute un peu aidée, mais elle n’en avait pas le droit pour autant. Désormais, peu m’importe, l’apathie, la langueur se sont emparées de moi. Fatigué, j’assiste à ce spectacle épuisant qui me renvoie chaque jour un peu plus à ma piteuse réalité. Ils avancent dans cette vie. Je n’oserais croire qu’ils puissent constamment être comblés, le bonheur est une chose rare que peu détiennent dans ce bas monde, mais je ne doute pas qu’ils le touchent du bout du doigt ne serait-ce qu’un court instant. Ils se sentent vivre. Alors je les regarde, et quand par miracle devant moi une de ces silhouettes se retourne submergée par le sentiment honteux de la pitié, c’est pour dans un geste hésitant, une pièce me donner.
Silhouettes qui marchent dans la rue |
1/6 |
24/01/2009 à 14:32 |
Je kisse (eh oui, kiffer ne se dit plus).
Silhouettes qui marchent dans la rue |
2/6 |
24/01/2009 à 16:01 |
HO, je suis choqué.
C'est bien écrit. Le début m'a juste un peu déçu. A partir de (...)"Un instant je capte un regard"(...), l'histoire commence à me toucher, à me perturber et là je me sens emprunt de cette émotion. C'est l'ironie constante de la vie que tu décris là, cette surabondance de connaissance alors que de l'autre côté on ne se connait même pas nous même. Le fait de s'arrêter une seule et unique fois sur un individu et d'y poser simplement un autre regard que celui habituel provoque alors l'inévitable sensation de le connaitre, de pouvoir tout dire de lui.
Puis vient le moment où tu parles de ce que j'appellerais des "moutons"; des gens qui suivent le fils de leur vie sans réellement se préoccuper de ce qui les entoure. Et par là même tu te considères comme supérieur à eux dans l'histoire, puisque toi tu as pris le temps de les regarder et es donc sorti du lot. Une certaine peur s'offre alors à toi; tu sais plus qu'eux mais ils te méprisent pour cette connaissance. Tu les regardes alors qu'ils préfèrent t'ignorer. Douloureux constat lorsque l'on sait que dans notre monde, il vaut mieux être de leur côté.
Moyenne: 18/20
Silhouettes qui marchent dans la rue |
3/6 |
24/01/2009 à 16:10 |
jamais de question vous ne posez. Droit devant, vous marchez.
Je trouve cela maladroit. (un peu à la manière de yoda, ça le fait pas du tout).
Idem pour cette phrase :
une pièce me donner.
Sinon, dans l'ensemble c'est pas mal même si y'a des passages un peu "lourds" où on s'ennuie.
Silhouettes qui marchent dans la rue |
4/6 |
24/01/2009 à 17:58 |
Frosties a écrit :
jamais de question vous ne posez. Droit devant, vous marchez.
Je trouve cela maladroit. (un peu à la manière de yoda, ça le fait pas du tout).
Idem pour cette phrase :
une pièce me donner.
J'suis pas d'accord avec toi sur les phrases à la yoda, je trouve justement ou non que cela fait parti de son style! Et à vrai dire, je pense que ça permet de donner une identité au texte.
Après c'est vrai que ça peut pas être apprécié par tout le monde
Sinon, dans l'ensemble c'est pas mal même si y'a des passages un peu "lourds" où on s'ennuie.
Silhouettes qui marchent dans la rue |
5/6 |
24/01/2009 à 18:59 |
J'ai en effet hésité pour les phrases Trademark Yoda.
Writers Dreams, quelle analyse ! ça fait très plaisir de se sentir à ce point examiné.
Enfin bref merci pour les critiques, espérons qu'il y en aura d'autres. Et que la force soit avec vous (je sors
)
Silhouettes qui marchent dans la rue |
6/6 |
24/01/2009 à 22:48 |
pas de soucis, un bon texte mérite qu'on y ouvre une analyse plus approfondie.