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Patapon | Un simple divertissement. | 2 | 12/01/09 à 00:22 |
Il faisait nuit, une nuit sans lune, une nuit de celles que l'on n'aime pas, ces nuits nuageuses et brumeuses. Ces nuits où l'on ne voit pas à plus de dix mètres devant soi, où le moindre bruit peut être assimilé un monstre gigantesque, ou à un simple chat errant.
Vivian n'avait pas peur. Il ne craignait ni les monstres gigantesques, ni les chats errants, à vrai dire. Son fusil laser chargé et nettoyé balayait les environs et la lampe-torche fixée sous le canon diffusait un faible halo dans ces ténèbres blanches. Vivian se sentait être un homme, ainsi armé. La pire horreur de la galaxie pouvait l'attaquer, ce n'était pas grave car Vivian avait son fusil laser. Il ne s'en était jamais servi, mais son manuel de fantassin stipulait que le fusil laser pouvait pénétrer un mur de béton sans problème. Oui, si il était attaqué, Vivian tirerait et réduirait des légions d'ennemis en cendres, avant de rentrer chez lui, pour embrasser sa femme et sa fille. Ho, bien sûr, Vivian était réaliste. Il savait bien que personne ne s'intéresserait à cette planète perdue, et que jamais il ne ferait la guerre, encore moins à des milliers d'ennemis. Parfois même il se posait la question, est-ce que réellement les Forces Planétaires de Défense étaient utiles. Il en doutait, et nombre de ses camarades soutenaient que FPD signifiait en réalité Fantassins en Permission Durable. Beaucoup de soldats étaient convaincus que ce métier n'avait été inventé que pour occuper les gens et réduire le chômage.
Il se trouvait actuellement dans la ville-capitale de la planète, Theria. Elle était gigantesque, et Vivian avait peine à croire que dix millions de personnes vivaient ici. Ce chiffre était tellement énorme! Dans sa jeunesse, quand il allait à l'église, les prêtres lui avaient raconté que par-delà les étoiles, existaient des planètes encore plus immenses, dont les populations se comptaient en centaines de milliards d'individus et que la Sainte Terra accueillait chaque jour plus de pélerins que le nombre total d'habitants de sa chère planète, Melaïne.
«Des conneries de cureton, tout ça, se dit Vivian. L'Empereur, on en voit jamais la couleur, et l'Inquisition c'est qu'un bordel censé nous faire peur. J'en ai marre de ces prêtres. J'suis sûr qu'on est seuls dans la galaxie. Parce que les xénos, tout ça, j'les ai jamais vu frapper à ma porte...»
Oui, Vivian était quelqu'un à la forte personnalité, quelqu'un d'attachant même, et qui avait ses convictions. Avec un peu plus d'éducation, il aurait même pu faire de la politique, et pourquoi pas renverser ces religieux à deux sous. En tout cas, il n'était pas un bon soldat. Un bon soldat aurait entendu son camarade Jenkins, juste derrière lui, gargouiller quelques mots avant de s'effondrer, la gorge ouverte et dégoulinant de sang chaud, qui fumait sous l'effet du froid.
Vivian avançait tranquillement, se demandant ce que pouvait bien faire Jenkins.
-Eh, Jenkins? Fini de pisser? On t'attend pas, hein!
Il se retourna pour voir si son collègue arrivait, et scruta la brume, tentant vainement d'y voir avec sa lampe. Dans son dos, Torret fut éliminé à son tour, de la même manière. Et cette fois, Vivian avait entendu. Il se retourna lentement en riant.
-Tu imites quoi, là...? Ho...Putain....
Devant lui, se tenait à présent une silhouette fine et grande, qui le dépassait d'une bonne tête. Sa combinaison noire, ses lames fixées aux avant-bras, couvertes de sang séché, son couteau sanguinolent et son fusil attaché dans le dos, tout cela était pire qu'un monstre gigantesque.
La chose parla dans une langue que Vivian ne comprenait pas, et rit, avant de lever son couteau. Paralysé par la peur, le pauvre soldat lâcha son fusil.
Pour la première fois depuis une éternité, il pria l'Empereur. Il pria l'Empereur de le pardonner, de ne pas lui en vouloir, car il ne voulait pas savoir que d'autres races existaient et il ne voulait pas savoir que tout ce qu'avaient dit les prêtres était vrai. Il supplia l'Empereur tout-puissant, béni-soit Il, de sauver son âme.
Malheureusement pour Vivian, les Eldars Noirs ne laissent jamais les âmes de leurs victimes s'échapper.
Carnage. Massacre. Capture, violence, mort, désolation, désespoir, tristesse et peur, voilà ce que les fils de Commoragh laissaient derrière eux.
Ozoban suivait ses guerriers, menés par le Sybarite Revlis Refrus. Ils avaient changé de cabale depuis qu'on lui avait proposé cinq pour cent des prisonniers pour ses expériences. La Cabale du Corbeau Sanglant était généreuse, et efficace.
Tout autour de lui, les guerriers tuaient femmes et enfants qui couraient en hurlant, espérant échapper la mort, ou pire. Les fléaux volaient dans le ciel en ouvrant le feu, faisant s'abattre une pluie de munitions tranchantes sur les pauvres citoyens. Les Eldars Noirs se moquaient de la brume. Elle se dissipait, à présent que la chaleur augmentait dans la ville. Ou peut-être était-ce l'oeuvre d'un dispositif ésotérique...
Des raiders atterrissaient, chargés de guerriers, qui débarquaient aussitôt. Dans les secondes suivantes, il redécollaient, chargés de prisonniers.
Partout des civils mourraient, éventrés, mutilés et démembrés. La cabale du Corbeau Sanglant violait et torturait, sans se soucier de tous ces pitoyables humains qui passaient juste à côté sans même tenter d'aider leurs congénères. Çà et là, le tourmenteur avait, grâce à un appareil de sa conception, transformé des humains agonisants en fontaines vivantes. Le sang giclait de leurs veines, dans un concert de hurlements déchirants. Ozoban frissonna à l'entente de la douce mélodie de la souffrance, alors que les caniveaux charriaient sang et tripes partout dans la ville.
-Tourmenteur, cela vous plait..?
-Oui, assez. Mais je ne sais pas si nous serons dans les temps pour vider la ville, Revlis.
-Il paraît que la Cabale du Corbeau Sanglant n'avait pas attaqué de planète depuis deux mois. Regardez-les, on dirait que c'est leur premier raid, soyons indulgents.
-Oui. C'est vrai qu'ils sont plaisants à observer....Surtout celui-là.
Ozoban pointa un sybarite du doigt. Il violait une jeune femme, tout en lui ouvrant le ventre. Ses hurlements et ses cris lui faisaient perdre plus d'énergie que l'acte en lui-même, ce qui réjouissait l'eldar noir. Quand elle expira, il lui coupa une oreille, et l'empala sur une des lames de ses avant-bras, avant d'éclater de rire d'une façon démentielle.
Ho oui, c'était beau à voir. Ozoban lui-même s'amusait beaucoup. Son naja faisait exploser les pauvres humains en mille morceaux, projettant chairs et fluides de toutes parts.
C'était si beau de voir toute cette mort. Si magnifique. Si...Ah, comment décrire une telle sensation. Les eldars noirs se sentaient revivre. Ce n'était pas le sang qui coulait à flots, ni les cris des victimes de la cruauté sans borne des fils de Commoragh. C'était le malheur qu'ils répandaient partout où ils allaient, ce malheur qui succédait à leur passage pendant des générations, cette peur qui précédait leurs futurs passages. Tous les rêves de cette planète étaient maintenant brisés, les illusions des survivants balayées, et tout cela parce qu'une seule personne, le Grand Voïvode, l'avait décidé. La forme la plus pure de pouvoir. Celle de terroriser des millions de gens rien qu'à l'évocation d'un nom. Depuis son ravageur personnel, Sikin, Grand Voïvode de la Cabale du Corbeau Sanglant, riait à n'en plus finir. Il riait car il savait que par sa faute une planète entière connaîtrait à présent la peur, à chaque nouvelle nuit de brume. Ils ne penseraient pas à un monstre gigantesque, ni à un simple chat errant, non, rien de tout cela. Ils penseraient à l'abomination cruelle qui avait massacré tant des leurs, et dont ils ne connaissaient pas même le nom. Leurs âmes lui appartenaient, à présent. Toutes.
Un simple divertissement. | 1/2 | 12/01/2009 à 22:03 |
Un simple divertissement. | 2/2 | 12/01/2009 à 23:58 |