Il est un discours que beaucoup de personnes se plaisent à tenir sur la souffrance, sans savoir ce qu'il en est vraiment. « La souffrance fait avancer », « souffrir aide à grandir », « c'est en souffrant que l'on s'endurcit »...
Tout un tas d'idées qui permettent de justifier certaines situations ou comportements.
Je ne crois pas que ces idées soient vraies dans la majeure partie des cas. Souffrir – souffrir vraiment – fragilise. Cela n'endurcit pas, au contraire, cela rend vulnérable. Sur le court terme et sur la durée.
Mais malgré cela, je crois qu'il existe un instant dans la souffrance qui peut se transformer en art ou en substance créatrice. Et c'est une fois que la souffrance s'est transformée en art qu'elle peut être bénéfique, porteuse. Nourricière.
Vient le moment où le désespoir extrême devient une prise de conscience. On saigne, mais on ouvre enfin les yeux. On pleure, mais notre cerveau écoute. Nous ne sommes pas aveuglés par la douleur. La douleur nous redonne la vue ; elle ne nous endort pas.
Pourtant ! Quelle souffrance, quel chaos, quel désespoir... Mais le vide propre au désespoir n'est pas présent. C'est un vide plein. Il y a quelque chose qui meut du Rien. Dans les larmes, les cris, les lamentations, une petite graine est en train d'éclore.
Quelque chose de fertile naît. Un nouveau souffle, une délivrance. Un nouveau jour.
Non loin de la fureur s'éveille un calme plat. Une paix dans la guerre. Un sourire dans les larmes.
Et c'est ici, à mi-chemin entre ces deux états, que réside l'acte créatif, l'énergie vitale, l'éveil absolu de la conscience.
Ce soir, ma vie fut un enchaînement de grandes détresses. Irrationnelles, peut-être, mais ressenties comme tel au plus profond de mon âme.
Je vis le feu dans mon regard. La glace dans mes membres. L'extrême angoisse sur mon visage.
A la souffrance se mêlait la colère. L'incompréhension. Le besoin de savoir, de comprendre, de cerner les choses dans leur entièreté.
Je me suis confrontée à l'origine même de cette souffrance. Je me suis assise devant elle, et je lui ai demandé ; « Pourquoi ? Pourquoi se passe t-il cela ? Pourquoi est-ce que cela me fait tant souffrir ? Pourquoi les choses sont-elles ainsi ? »
Il n'y eut pas de réponses complètes à mes questions. Et pourtant, au fil des minutes, au fil des questions, naissait une sérénité inhabituelle. Comme un deuil enfin fait. Un lâcher-prise. Une tristesse profonde dans laquelle réside malgré tout une paix créatrice.
Alors, on se questionne. On se regarde dans la glace, et on se dit ; quoi ? Qui suis-je ? Que sais-je vraiment de moi ? On se prend à penser. On a l'âme philosophe, vagabonde. En transit, quelque part entre deux rives. L'esprit plus stimulé que jamais.
Je suis montée dans mon lit, le cœur déchiré mais enfin paisible. Et c'est d'ici, de cet état d'esprit-là que je vous écris.
La souffrance a un sens lorsqu'elle prend fin. Lorsqu'on la regarde en face, qu'on lui dit tout ce que l'on a sur le cœur et que l'on y met un point final. Peut-être est-ce un peu comme s'arracher une épine dans la colonne vertébrale. Cela fait mal sur le moment, atrocement, mais cela soulage en profondeur sur le long terme.
Il n'y a pas un seul écrivain qui ne soit ni révolté, ni indigné, ni torturé, ni en souffrance (quelle qu'elle soit). Sinon, pourquoi écrire ? Comment faire naître la paix si ce n'est de la guerre ? Comment le Tout pourrait-il naître autre part que du Rien ?
Tous mes écrits tendent vers la Vie. Tous, sans exception. Mais si j'arrive à vous parler de Vie, d'amour, de paix et d'espérance, c'est parce que la mort, le dégoût, la détresse et la révolte ont un jour frappé aux portes de mon esprit – pour enfin s'y installer sans que je ne puisse y faire grand-chose.
C'est parce que la mort me terrorise que je vous parle avec passion de la Vie. C'est parce que le désespoir m'a trop souvent pris dans ses bras que je vous parle de l'urgence d'être heureux. C'est parce que la solitude me nargue à chaque coin de rue que je perçois l'importance d'aimer. C'est parce que j'ai entrevu le laid que je devine ce qu'est le Beau.
La souffrance qui nous construit est celle qui nous révolte, que l'on comprend et que l'on refuse. Aucune autre souffrance ne mérite d'être vécue. La souffrance passive et non-comprise est ce qu'il y a de pire au monde.
De votre souffrance, faites une révolte. De votre révolte, faites de l'art... et de votre art, faites un pansement pour panser votre souffrance, jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse entièrement.
A la génération d'Internet, des téléphones portables et de l'intelligence connective, j'adresse ce message : libérez-vous. Coupez vos liens de pailles, votre connectivité mortifère. Ne vous laissez pas écraser, rabaisser, humilier. Ne laissez pas des personnes prendre le dessus sur votre vie. Cultivez les relations saines, sans rapports de pouvoirs.
Regardez-vous dans une glace et parlez-vous.
Demandez-vous si la vie que vous menez est bien celle qui vous correspond, et que la personne qui tape sur le clavier est bien la personne que vous êtes, et non ce que l'on voudrait que vous soyez.
Prenez le temps de vous arrêter. Partez, fuyez, vagabondez – plongez au cœur du monde et de vous-même. Et demandez-vous, au moins une fois dans votre vie :
Ma souffrance a-t-elle un sens ? Mérite t-elle d'exister ? Me permettra t-elle une paix plus grande une fois arriver à son terme ?
Et ma vie, par quoi est-elle animée ? Comment s'anime t-elle ? Que puis-je faire pour m'aider à mieux vivre ?
La vie passe, le temps aussi, et vient le jour où on a déjà 40 ans. On regarde derrière nous... les années... les anniversaires... les noëls... et puis... et puis quoi ? Au fond, qu'ai-je donc fait ? Qu'ai-je donc fait qui me ressemble, qui me ressemble jusqu'à la moelle ?
Réalisez-vous dans l'instant présent. Soyez la version la plus performante de vous-même.
Renaissez de vos cendres.
Vous êtes un géant.
La souffrance créative |
1/4 |
25/09/2012 à 21:31 |
Merci pour ce texte.
Je suis désolée de pas développer plus... =/
La souffrance créative |
2/4 |
30/09/2012 à 21:26 |
J'aime ce texte tu t'exrpime trés bien et je prnse avoir bien compris ce que tu tente de faire passer ...c'est sa l'essentielle nan bonne nuit !
La souffrance créative |
3/4 |
30/09/2012 à 23:47 |
En général, les textes sur SE, j'ai du mal. Je décroche à la 3ème ligne, même si j'adore pourtant lire, et je n'en tire pas grand chose.
Ton texte est bien écrit, le fond me parle énormément, et il m'a fait du bien, tout simplement. Je me suis reconnue dans certaines de tes phrases, et ça m'a encore plus donné la force d'essayer de changer certaines choses de ma vie. Comme quoi, il ne faut pas grand chose, et tout est dû au hasard, ou aux bonnes coïncidences.
Alors, merci ?
La souffrance créative |
4/4 |
01/10/2012 à 21:47 |
Merci à vous