[ Voilà, j'ai commencé un roman, qui s'appelle "Ne souriez pas", et je suis en train de me remettre en question sur mon incipit. J'ai déjà écrit la suite, mais j'aimerais savoir ce que vous pensez de ce début, est-ce qu'il vous donne envie de lire la suite, est-ce que vous pensez qu'il est trop évasif, ou au contraire trop explicite, etc. (Jugez le en tant que début, pas en tant que texte.) C'est un peu long, merci à ceux qui liront . ]
Un homme entre, et lance avec un sourire aimable :
« Mademoiselle Diaz ? ».
Jade se lève. Depuis le temps qu’on lui dit, qu’on lui conseille, gentiment, de consulter … Ce moment arrive enfin. C’est excitant, à peine angoissant.
Sans lui dire bonjour, sans lui serrer la main, elle se dirige vers la salle au bout du couloir, et s’assoit sur le fauteuil moelleux en face du bureau, comme si elle l’avait fait toute sa vie.
Il la rejoint. Il est grand, châtain clair, il a la trentaine. Il n’a pas la tête d’un psy. Elle aurait préféré un vieux, avec une petite moustache et des lunettes avancées au bout du nez. Un qui vous observe, comme un cas à analyser, puis qui s’assoit au fond de son fauteuil et vous dit « Bon. » d’un ton qui signifie « ça ne va pas être facile, mais on va y arriver. ».
Celui-là a l’air trop gentil, trop humain. Et puis il est beau.
Il s’installe tout doucement sur sa chaise, une rouge sur roulette, toute simple ; et avec autant de douceur, et un sourire calme, lui dit :
« Eh bien ! Vous étiez pressée de venir ! »
Jade l’observe. Elle oublie ce pourquoi elle est là, et elle se représente la large palette de possibilités qu’elle a devant elle. Ici il lui semble qu’elle est la reine. Elle fait ce qu’elle veut, c’est elle qui a demandé à venir. Elle peut même s’inventer un personnage, ou bien discuter, tout simplement. Elle n’est pas réellement obligée de lui raconter …
Elle lui répond un simple « oui », à la fois ferme et doux, un « oui » qui laisse le choix, ce genre de « oui » dont elle a le secret.
« Bien ! Alors dîtes moi, pour quelle raison êtes-vous venue me voir ? »
Elle hésite. Lui dire, ne pas lui dire. Lui dire partiellement.
« J’avais envie. On m’a toujours dit que je ferais bien de voir un psy. Alors voilà, je suis là. J’attends de voir. Je … »
Jade ménage un silence, et lui ne lui demande pas de continuer. Elle aime bien ça. Enfin quelqu’un qui n’a pas trop peur du silence. Les gens comblent, d’habitude. Ils ne peuvent pas s’en empêcher.
Lui, il la regarde simplement, avec des yeux sincères. Un sourire à l’intérieur, elle continue :
« J’ai des problèmes relationnels. Je n’ai pas de beaucoup d’amis, et quand j’en ai, je n’ai pas toujours envie de les voir, je préfère la solitude. Il paraît que ce n’est pas normal. Il paraît aussi que je suis méchante, renfermée, que je ne dévoile jamais mes sentiments. Ils disent que je suis misanthrope.
-Qui dit ça ?
-Tout le monde. Mes parents l’ont dit, les gens avec qui j’ai été en classe, même les profs, pourtant j’étais bonne élève. Et puis mon … un ami proche l’a dit aussi. »
Le psy note quelque chose sur un papier, discrètement, sans cesser de la regarder. Elle se sent tout d’un coup en position d’infériorité, alors d’un ton très calme, mais emprunt d’une certaine violence, elle demande :
« Vous vous appelez comment ?
-Je m’appelle Basile Grima. Vous pouvez m’appeler par mon prénom, c’est comme vous voulez. »
Une autre personne aurait tout de suite demandé pourquoi elle pose cette question, aurait voulu savoir. Lui répond aux choses, il a l’air vrai. Peut-être que tous les psys sont comme ça … Mais Jade aime bien celui-là.
« Je vous appellerai Basile. Et vous m’appellerez Jade. »
Il sourit. Il a un beau sourire, un peu émerveillé. C’est agréable.
« Bien. Dîtes-moi Jade, est ce que vous pensez, comme tous ces gens, que vous êtes misanthrope. Non, la vraie question, êtes vous misanthrope ?
-Non, pas du tout. J’aime les gens. Je les aime vraiment même, je leur porte beaucoup d’intérêt.
-Alors pourquoi pensez-vous que les gens vous jugent méchante et renfermée ?
-J’aime les gens. Je n’ai pas dit que j’aimais les relations avec eux. J’aime observer les gens, les situations, avec beaucoup de passivité.
-Vous aimez le cinéma ?
-Pourquoi, vous voulez m’y inviter ? »
Un grand rire résonne. Il a un vrai rire en « ah ah ah », comme dans les livres, un rire stable et posé.
« Non, non, ce n’est pas pour ça. Répondez-moi s’il vous plait, aimez-vous les films ?
-Oui. Enfin ça dépend je suppose …
-Vous en voyez beaucoup ?
-Avant j’en voyais beaucoup, mais depuis le … depuis … Je ne sais pas, depuis un petit bout de temps, je n’en vois plus beaucoup.
-Vous vous en faîtes.
-Pardon ?
-Non, rien. »
Encore une fois il note quelque chose.
« Qu’est ce que vous notez ?
-Je note … Des choses qui me semblent intéressantes.
-Soyez honnête avec moi s’il vous plait. Ne me cachez rien.
-Je note des choses que vous dîtes, et que je pourrai réutiliser plus tard, dans d’autres discussions. L’être humain est complexe, il se cache des choses à lui même, il oublie des choses, volontairement ou pas. J’essaye de recoller les morceaux. C’est mon métier.
-Mais si l’être humain vous cache des choses volontairement et que vous recollez les morceaux, vous faîtes ce travail pour vous-même alors ? Et pas pour lui ?
-Je parlais de se cacher des choses volontairement, à soi-même. Volontairement et consciemment ne veulent pas dire la même chose pour moi. Que me cachez-vous ? »
La question est franche et abrupte, mais pas brutale. Cet homme-là n’a rien de brutal, c’est un homme tranquille. Il a l’air intelligent, il ne fait pas vraiment peur à Jade.
« Pourquoi pensez-vous que je vous cache quelque chose ?
-C’est évident. Vous cachez quelque chose. Et pas seulement à moi, c’est sûr.
-Expliquez-moi comment vous faîtes.
-Vous vouliez savoir ce que j’ai écrit sur mon carnet ? J’ai écrit qu’il y a eu, ou qu’il y a sûrement un homme important dans votre vie, un ami, un amant, même votre père, je ne sais pas, mais vous n’avez pas voulu me le dire, vous avez buté, vous avez dit « mon » puis « un ». J’ai aussi écrit qu’il a dû se passer quelque chose, quelque chose de définitif dans votre vie, puisque vous avez dit que vous aviez arrêté de voir des films depuis un bout de temps. Mais vous avez d’abord dit « depuis le », il doit donc y avoir une date précise. J’ai voulu utiliser tous ces éléments plus tard, mais vous m’avez demandé quel était l’intérêt de mon métier lorsque les gens me cachent des choses. Vous m’avez demandé si je faisais ça pour moi ou pour les gens. Vous vous êtes inquiétée de ça. Alors oui, vous me cachez quelque chose. Enfin, avec moi vous êtes très présente, vous n’êtes pas renfermée du tout ; or vous l’êtes avec les autres, vous me l’avez dit, et je le crois. C’est donc que vous vous sentez en sécurité avec moi, très probablement parce qu’à moi vous pouvez me cacher, me garder des éléments, en inventer. Je suis extérieur à votre vie. Si vous êtes renfermée avec les autres et pas avec moi, c’est sûrement que vous leur cachez des choses, à eux aussi. »
Jade le regarde. Il a des yeux verts, brillants, qui se posent sur elle très franchement, mais qui ne la sondent pas. Son air sérieux, exact, précis, contraste avec ses cheveux épais et légèrement en bataille, qui bouclent par endroits, avec son visage jeune, sa chemise ouverte sur le devant. Il est beau, il lui fait penser à Raphaël …
Non, tout lui fait penser à Raphaël. Jade se trouble, de faire le lien entre ces deux personnes, de comparer un simple psychologue inconnu à l’homme de sa vie.
« J’aimerais y aller. J’aimerais partir, s’il vous plait Basile.
-Bien sûr, c’est normal. Reprenez rendez-vous quand vous voulez, je pense que ça peut vous aider. »
Il sourit, elle répond : « La semaine prochaine ». Ils se lèvent tous les deux, il l’accompagne à l’accueil, où elle prend son rendez-vous pour le mardi suivant et où elle paye sa consultation.
Il lance un « Au revoir Jade. » plein d’entrain, plein d’espoir, et elle ne répond pas.
[Début de roman] Ne souriez pas. |
41/48 |
11/07/2008 à 11:56 |
ohh non !! flûte et reflûte ! Je m'excuse Alhambra, mauvaise manoeuvre xD
excuse-moi encore ^^
[Début de roman] Ne souriez pas. |
42/48 |
11/07/2008 à 12:00 |
Hichou a écrit :
J'ai poster un topic qui présentait mon œuvre mais je ne l'ai pas mise car c'était bien trop long.
Je l'ai redécoupé et écris une suite. Néanmoins il faudra attendre un mois ou deux pour accéder à la suite retravaillée.
Le sujet ne va certainement pas contenter tout le monde mais je voudrais surtout avoir votre avis sur le style. Des efforts de grammaire sont-ils nécessaires ?
La question facultative est : aimez-vous l'histoire, cela vous donne-t-il envie de lire la suite ?
J'attends vos critiques ! Merci d'avance.
t'es un p'tit peu en train de t'approprier un topic -_-'
sinon, cet incipit ... bon quand j'ai vu Alhambra ,j'me suis dit que ca allait encore être un bon texte vu ce à quoi tu nous habitues depuis longtemps.
Le fait est que je'ai pas été déçu, les dialogues sonnent "vrais" et c'est le plus important, le texte est vivant grâce à eux et ça évite de se perdre dans des méandres descriptifs lourdingues (quoique ca fait pas de mal de temps en temps )
bref, ce début est très concluant bonne chance à toi pour la suite
[Début de roman] Ne souriez pas. |
43/48 |
11/07/2008 à 12:00 |
Hichou a écrit :
ohh non !! flûte et reflûte ! Je m'excuse Alhambra, mauvaise manoeuvre xDexcuse-moi encore ^^
En tout cas, c'est pas mal ^^
Je veux la suite ^^
[Début de roman] Ne souriez pas. |
44/48 |
11/07/2008 à 12:01 |
TheSongWriter a écrit :
Hichou a écrit :J'ai poster un topic qui présentait mon œuvre mais je ne l'ai pas mise car c'était bien trop long.Je l'ai redécoupé et écris une suite. Néanmoins il faudra attendre un mois ou deux pour accéder à la suite retravaillée.Le sujet ne va certainement pas contenter tout le monde mais je voudrais surtout avoir votre avis sur le style. Des efforts de grammaire sont-ils nécessaires ?La question facultative est : aimez-vous l'histoire, cela vous donne-t-il envie de lire la suite ?J'attends vos critiques ! Merci d'avance.t'es un p'tit peu en train de t'approprier un topic -_-'sinon, cet incipit ... bon quand j'ai vu Alhambra ,j'me suis dit que ca allait encore être un bon texte vu ce à quoi tu nous habitues depuis longtemps.Le fait est que je'ai pas été déçu, les dialogues sonnent "vrais" et c'est le plus important, le texte est vivant grâce à eux et ça évite de se perdre dans des méandres descriptifs lourdingues (quoique ca fait pas de mal de temps en temps )bref, ce début est très concluant bonne chance à toi pour la suite
Il a dit après que c'était une mauvaise manoeuvre
[Début de roman] Ne souriez pas. |
45/48 |
11/07/2008 à 12:02 |
Merci beaucoup TheSongWriter d'être toujours fidèle à ce que j'écris, et merci de ton avis
lol Hichou, c'est pas grave
Là j'y vais mais quand je reviens sur internet, je file lire ton texte
[Début de roman] Ne souriez pas. |
46/48 |
11/07/2008 à 12:10 |
Jouets a écrit :
Il a dit après que c'était une mauvaise manoeuvre
oui, j'ai vu mais on a du l'écrire dans le même temps ce qui fait que ...
bref sorry
[Début de roman] Ne souriez pas. |
47/48 |
11/07/2008 à 12:12 |
TheSongWriter a écrit :
Jouets a écrit l a dit après que c'était une mauvaise manoeuvre oui, j'ai vu mais on a du l'écrire dans le même temps ce qui fait que ...bref sorry
Oui, je comprend
[Début de roman] Ne souriez pas. |
48/48 |
21/07/2008 à 17:27 |
agréable a lire.
simple & génial =)