Moins de 18 ans
18 ans ou plus
l-arwen | Souvenir exotique | 0 | 01/04/12 à 00:34 |
Les dernières minutes s’étaient écoulées tandis que la nuit tombait déjà sur la Martinique humide. Sur les billets était écrit vol AF3551, départ 18h25… Comment cet avion avait-il pu nous arracher à ce monde aux mille recoins baignés d’un charme tropical ? Mais la nuit, étrange et courte nuit étoilée, s’était passée, là haut, au dessus du vaste océan sans fond ni couleur. Elle aussi aura fait ce même voyage, où l’homme, avec deux ailes en métal, sait frôler l’obscurité glacée. Et le même émerveillement, au hublot assoupi, face à l’aurore plate et pure où le soleil allait éclairer sa petite vitre ronde aux cristaux givrés… Mais il n’est que neuf heures et demie, et je l’attends, sortant du vol AF3553 à 11h55 – son départ hier soir à 21h50 – elle quittera cette étrange cité volante, blanche aux ailes blanches et d’un poids si léger…
Malgré les annonces dans l’aérogare, des mots résonnent encore dans ma mémoire : Brigitte, et ses deux enfants, blonds comme le soleil et dont l’unique demeure est ce bateau de quatorze mètres, là bas, au bout du ponton. Et vibre aussi « la Marina », petit port de plaisance, écrasé de chaleur à midi, presque toujours désert, où les mats blancs touchaient le bleu de l’air. Vers six heures de l’après midi, le soleil mourait dans le ciel bleu pastel, blanc, puis jaune, noyé de brume. Et quand le soir déjà tombait, avec une rapidité qui le rendait encore plus cher, la rive bétonnée accostait le rêve, promesses d’un soir, aventure du Sud… Alors la nuit recouvrait la vie de ses mille lumières colorées, nuit chaude et parfumée, où des bruits aigus, sifflements purs, s’unissaient à la mélodie du sentiment.