Te souviens-tu, humain?

Socrado

Te souviens-tu, humain?

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04/06/11 à 19:39

Te souviens-tu, humain ? Te souviens-tu des dieux qui venaient sur Terre ? Te souviens-tu des oiseaux, humain, ceux que tu vénérais et ceux que tu haïssais ?
Non, humain, non, tu as oublié, l’oubli est une des vertus des hommes, je le sais. Il est donc temps que je te rappelle, humain, comment ton peuple vénérait et comment il haïssait.

Te souviens-tu du corbeau et du phoenix ? Oui, je vois que tu te souviens de leur forme, de leur histoire… Leur «histoire»… Il est temps que je te rappelle, humain, leur origine, que tu saches ce que ton peuple peut faire.

Il était une fois, il y a bien longtemps, une grande reine, déesse des oiseaux, qui régnait sur le ciel et plus haut. Cette reine avait deux fils, deux princes, frères jumeaux, l’un phoenix, l’autre corbeau. Jamais il n’a été deux immortels, pourtant si opposés, qui étaient autant attachés l’un à l’autre. Lorsqu’ils furent assez grands, leur mère les envoya sur Terre pour observer et comprendre les humains. Mais les humains, fiers de leurs idées, leurs réflexions et leurs jugements, assignèrent des places aux oiseaux : ils vénérèrent le phoenix solaire et haïrent le funeste corbeau ; l’un recevait des fruits frais, l’autre se contentait de charognes. Une fois par mois les frères se réunissaient sur la colline qui surplombait le village des humains pour discuter de leurs observations.

Les siècles passèrent, les hommes oublièrent.

Un jour le corbeau ne vint pas sur la colline. Le soir même le phoenix trouva la dépouille agonisante de son frère parmi les offrandes du jour. Un jeune chasseur avait eu la «bonne» idée d’offrir au «dieu» phoenix le cadavre de son «ennemi» séculaire.
Le phoenix s’approcha du corps presque immobile de son frère. Le corbeau prononça alors ces quelques mots : « Je préfère mourir que de vivre dans un monde de haine et de jugements. Je renonce à mon immortalité». Il expira dès la fin de sa phrase.
La colère du phoenix fut terrible : il embrasa le village et ses habitants. Une fois sa vengeance assouvie, alors qu’il trainait dans les cendres incandescentes, il décida que jamais il ne dépasserait l’âge qu’il avait à la mort de son frère et qu’il rajeunirait dès qu’il serait trop vieux. Il se débarrassa alors de ses plumes, de sa graisse et de ses muscles qui se consumèrent en tombant sur le sol calciné. Un petit oisillon naissait dans les cendres.
C’est ainsi que le phoenix renaquit pour la première fois.

Quel beau résultat, humain ! La mère a perdu son fils, l’un des frères est mort, l’autre est fou, quant aux humains, ils ont été brûlés vifs ! Moi, je ne suis ni mère, ni frère, ni fils, ni mort, ni fou et encore moins humain. Je ne suis plus qu’une mémoire qui t’observe du haut d’une colline.

Frosties  

Socrado  

Dilated_Pupils  

Menez94  

Socrado  

Te souviens-tu, humain?

9/10

08/06/2011 à 13:26

Moi j'ai adoré c'était classe