Le temps sembla suspendu (nouvelle)

Alhambra

Le temps sembla suspendu (nouvelle)

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21/12/07 à 19:06

La lune brillait particulièrement ce soir-là.
A l’heure où même les lampadaires s’éteignent, à l’heure où la ville s’endort, à l’heure où les paupières se ferment, elle illuminait le côté droit de son visage.
Il faisait très froid mais aucun de nous ne tremblait. Son regard plongeait dans mes yeux, qu’il devinait grâce au reflet étincelant de la lune.
« Je t’aime ». Il ne l’avait pas dit, mais je l’avais deviné dans le tendre soupir qui s’était échappé de ses lèvres.
Nous étions seuls, face à face dans la sombre ruelle. Nous nous voyions à peine. Mais même sans le voir, j’aurais reconnu sa présence. Cette odeur, ce souffle ne m’aurait pas laissé indifférente.
« Je t’aime ». Il ne l’avait pas dit, il l’avait susurré.
« Je t’aime ». Il l’avait répété. Deux fois, trois fois. Tant de fois que je fermai les yeux.
Pour mieux entendre, pour mieux comprendre. Ces simples mots qui, sortis de sa bouche, me réchauffaient toute entière.
Les yeux toujours fermés, je laissai l'écho de ses paroles entrer en moi, je laissai le froid faire de moi sa captive. Le temps sembla suspendu. Comme s’il avait décidé de nous laisser et s’en était allé sur la pointe des pieds.
Et je savourais ce moment qui semblait n’en être même pas un.
Puis il me dit :
« Il faut qu’on y aille. »
J’ouvris les yeux, et la lune avait changé de place. Je le voyais maintenant en entier, j’entendais au loin le ronflement de la ville endormie. J’eus un sourire désolé.
Le temps était revenu, le charme était rompu.