02h35 … Seul, allongé sur mon lit, je ressassais mes pensées. Depuis la veille il m’était impossible de trouver le sommeil. J’aimais confesser à la nuit les douleurs qui me hantaient. C’était tellement rassurant de me sentir cruellement seul, et pourtant, étrangement bien. Me plonger dans cette mélancolie et me faire souffrir moi-même, bizarrement, cela me plaisait. Pourtant, ce temps ou j’avais le droit a ces instants de solitude, si rares soit-ils est désormais révolu.
Par la fenêtre, d’où s’échappait une légère brise me faisant frissonner, je pouvais voir le grand parc appartenant à ma famille, dont j’hériterais surement bientôt connaissant l’état de mon père. Ma mère, a qui j’étais beaucoup attaché était partie, longtemps avant, avec un autre homme. Je lui en voulais beaucoup, et je ne le lui pardonnerais jamais. J’étais fils unique, et aussi, la seule famille qu’il restait à mon père. Je n’aimais pas ce personnage bougon et colérique, mais je me devais de rester auprès de lui. Parfois, je me prenais à rêver de partir loin, mais la triste réalité me rappelais toujours. Ce soir là je décidai qu’un jour, je partirais, plus loin que je n’ai jamais osé l’imaginer.
Je ne me sentais pas à l’aise dans ce lit trop petit pour moi. Le lit qui avait été celui de mon enfance, période trop vite passée que j’aimerais retrouver. Quand ma mère me bordait après m’avoir conté une histoire terrifiante. Instants d’insouciance et éclats de rires, gouters dans le parc entouré de ma mère, mon père et mes amis. Avant, j’aimais être entouré. Aujourd’hui, je préférais de loin la solitude à la compagnie des gens. Pourquoi ?
Pourquoi ? L’éternelle interrogation, aussi mot par lequel débutais chacune des interrogations qui se bousculaient dans ma tête : « Pourquoi n’étai-je jamais satisfais ? », « Pourquoi fallait-il toujours que je détruise tout ce que je créais ? », « Pourquoi fallait-il que le malheur me poursuive ? », « Pourquoi étai-je si mauvais ? »… Et la sempiternelle question que chacun se pose : « Pourquoi moi ? ». Je sentis ma respiration s’accélérer et se saccader. Honte, colère, désespoir ? Je n’aurais su le dire moi-même.
Mais la personne à plaindre, ce n’était pas moi : c’était elle. La personne la plus innocente que l’on puisse imaginer. Elle qui ne voulais que mon bonheur et y avait largement suffit pendant si longtemps. C’était simplement un ange, au sens le plus pur et mélodieux. Pourtant, je lui avais fait du mal.
C'était la veille, alors qu'elle était venue réviser chez moi. Elle c'était blottie contre moi. Je sens encore sa peau douce et chaude sous mes doigts et ses cheveux au parfum fruité. Et puis ma voix grave et dure qui disait contre ma volonté " Ecoute-moi, Ambre, notre histoire n’était pas un mensonge, tu en es consciente, je le sais ! Mais … Plus rien ne sera jamais comme avant. ". Puis, celle d'un ange, douce et sucrée " Mais pourquoi Raphaël ? J'ai fait quelque chose qui t'a déplu ? Je t'ai rendu malheureux ?!". Les larmes roulaient sur ses joues de poupées telles des diamants, pierres précieuses qui déchiraient mon coeur autant qu'ils enluminaient son visage désespéré. " Parce que j'aime Jensen ! ", ce ton si cruel qui ne me ressemblait pas résonnait tel un glas dans ma tête. Le glas de la fin, mais pas uniquement, aussi celui du changement, de la nouvelle vie qui s'offrait à moi. Et sans même la consoler, je me suis retourné et je suis parti d'une démarche décidée. Je me haie !
J'ai eu tort, cependant, tout allais désormais changer et améliorer ma vie. Ma respiration fini par se calmer et mes yeux se fermèrent d’eux même. 3h26 ... Dernière image qu'il me reste de ce temps qui me semble si lointain.
Mieux ?