Deykan
I
Vois ce qu'il adviendra de ton monde...
Nigel était autrefois colonel de l'armée de terre française. Depuis le 8 décembre 2013, il n'était plus qu'un être humain cherchant à survivre. Mais contre quoi ? La seule chose qu'il comprenait, c'était que la maladie la plus mortelle qui n'eût jamais existé venait d'éradiquer une bonne partie de la planète. Au moins la France ; car ni internet, ni les communications téléphoniques, ni les satellites ne fonctionnaient. En quelques semaines, la civilisation n'était plus : de retour à la préhistoire. C'était le 3 février 2014 lorsqu'il arriva dans ce qui fut jadis un collège public dans la ville de Montpellier. Il n'avait plus de famille, plus d'amis, ses collègues furent tous tués lorsque la maladie dévasta la population. Il avait vu sa propre femme, infectée, mourir sous ses yeux : elle pleurait des larmes de sang, sa peau se décomposait alors qu'elle était encore consciente et finalement, plusieurs minutes après, elle s'écroula pour dormir sans jamais plus se réveiller. Nigel n'avait croisé personne depuis qu'il quitta Perpignan pour Bézier et enfin Montpellier. Ses expéditions en quête de nourriture et d'eau potable s’avéra efficaces : son sac à dos militaire au camouflage CE en était remplis. Il n'avait aucune idée du moyen de transmission de la maladie, et en fait, il s'en fichait ; seule la survie comptait. Il ne dirait pas non à rencontrer d'autres humains parce qu'il commençait vraiment à se sentir seul au monde à force de rencontrer uniquement des cadavres en décomposition ou même carrément parfois, des squelettes. La mort de ses proches le hantait, mais tout homme fort d'esprit qu'il était, il ne se laissait pas abattre par la douleur.
C'était en fin d'après-midi, le soleil commençait à se coucher, le vent glacial lui donnait des frissons de terreurs : il avait beau être un militaire à la retraite forcée par la fin du monde, mais être seul, là, encerclé par la mort et son odeur omniprésente où qu'il fût, ça restait vachement flippant. Et comme si ça ne suffisait pas, les cadavres qu'il enjambait étaient les cadavres d'adolescents. Vêtu d'une écharpe masquant son visage afin d'atténuer l'odeur de la décomposition des corps, d'un gilet tactique comportant toute une multitude de poches extérieure, d'une grosse veste à manche longue et des gants en cuir sombre. Tout son équipement provenait de la base militaire d'où il sortait lorsque le chaos commençait et que ses hommes étaient encore de ce monde. « Invasion alien » eût-il entendu dire, « fin du monde », « pandémie » ou encore « malédiction divine ». Mais le colonel était du genre à croire uniquement ce qu'il voyait : des gens morts partout où il allait ; et lui il était là, vivant et en pleine forme, dans ce cauchemar vivant.
Il avança lentement en se forçant d'éviter le regard des morts dans la route face au grand bâtiment. Sur le portail d'entrée était présent un panneau, bien qu'effacé à moitié par le sang et le sable, il put distinguer « collège Saint Marsan ». Il ouvrit le portail et s'apprêta à fouiller les tas de bâtiments composant l'établissement scolaire.
3 derniers commentaires sur le poème
moi ca m interesserais bien oui si ca ne te dérange pas :mrgreen: