Voilà la suite. Désolé de vous avoir posté une espèce de paragraphe tout riquiqui, ci-dessus
En espérant vous offrir une agréable lecture.
4 jours auparavant.
Je me dirige à quatre pattes vers le combiné pendant à quelques mètres devant moi. Je le saisi, me relève et compose le « 18 ». Je colle le combiné à mon oreille. J’attends quelques secondes.
Soudain, un sifflement strident et métallique m’arrache le tympan, et je jette le combiné, avant de reculer de quelques pas. Je cogne contre un fauteuil, celui où je dormais. Calmement, je m’assoie, et ferme les yeux. Mon cœur bat lentement.
Puis, je sens pour la dernière fois une ultime caresse glaciale qui m’effleure la joue.
Je ferme les yeux, prêt à mourir, épuisé par cette course effrénée pour ma survie, déglutit une dernière fois, attendant de sentir la froide et puissante prise de cette chose sur mon cou.
« Tic, tac, tic, tac, tic… »
Seul le bruit répétitif de l’horloge me parvient aux oreilles. Tout est si calme…
J’ouvre un œil tremblant, et de me cramponne soudainement aux reposes-coudes du fauteuil, contemplant avec effroi et surprise la chose qui se tient devant mes yeux.
Drapée dans un halo nacré, la chose me regarde de deux yeux blancs qui trônent sur un visage inexpressif, une main délicate, parfaitement dessinée, penchée sur ma joue. Son corps diaphane, qui doit faire ma taille, semble onduler dans l’air, mais une force que je m’étonne à qualifier instinctivement de « spirituelle » se dégage de cet être, une force qui, je le sens, ne me veux aucun mal. Puis, la terreur s’empare de moi lorsque je vois son visage devenir progressivement le mien. Il s’approche, j’essaye de reculer, de renter dans le fauteuil, de disparaître en fumée. Son visage se colle au mien, puis finit par m’englober dans son halo. Je sens cette chose rentrer en moi, je me sens comme une coquille vide, un être sans conscience, envie de m’en aller, de ne plus rien sentir. J’entends une voix dans ma tête. Un flot de paroles. Non, des cris. Ceux de mes amis.
Est-ce que je suis en train de mourir ?
Ou peut-être est-ce un rêve ?
Oui. Oui c’est cela. Je dois rêver…
Aide-moi…
…Aide-moi…
AIDE-MOI !
« Ding Dong »
Je me réveille en sursaut, allongé sur le dur carrelage du salon. Ma tête me fait abominablement mal, et mon bras gauche est engourdis, écrasé pendant peut-être plusieurs heures sous le poids de mon corps.
« Ding Dong »
Le sang se glace dans mes veines, mon cœur se pétrifie.
Ais-je bien entendu ?
Je jette un regard sur le corps d’Axel, puis vers le couloir qui mène à l’entrée, et enfin vers la pendule.
Neuf heures six.
« Les parents d’Axel… » Pensais-je, terrifié à l’idée que l’ont me découvre ici, dans cet état, et avec le corps de mes défunts amis éparpillés un peu partout.
Je me relève, chancelant. La tête me tourne, j’ai des vertiges, j’ai le cœur au bord des lèvres. Me penchant pour reprendre un semblant de respiration, fermant les yeux pour ne plus voir le monde danser, j’entends un petit déclic, signe que les parents ont décidés de rentrer par leur propre moyen.
- « Et merde ! » sifflais-je entre mes dents.
Je dois m’enfuir d’ici.
- « Axel ? Axel, réponds gros dormeur ! »
J’ouvre les yeux, et me jette sans penser au bruit vers l’escalier en colimaçon qui me nargue à quelques mètres. La première pensée qui me vient à l’esprit est de m’enfuir par la fenêtre brisée, en haut. J’attrape la rambarde, et me hisse à la hâte, trois marches par trois marches, entendant derrière moi les cris des parents d’Axel.
Je laisse échapper une larme en souvenir de mon meilleur ami, et un juron quand je perçois le père de feu mon ami qui se met à me poursuivre.
Je redouble d’effort, me cogne plusieurs fois le tibia dans les étroites marches en bois, avant de parvenir enfin à l’étage. Les draps noués sont toujours là, je les attrape, pose un pied sur la balustrade, avant de sentir une main noueuse m’attraper brutalement la peau du cou et me tirer avec rage en arrière. Je bascule, lâche le tissu, pousse un cri de douleur, avant de sentir ma tête cogner brutalement contre le sol. Mon mal de crâne ne fait qu’empirer, et un bourdonnement retentit à mes oreilles.
« Oh… »
- « Je vais te tuer fils de pute ! »
La main m’attrape par le col de mon tee-shirt. Je lève une paupière battante, et aperçois un poing fermé qui s’élève au dessus de ma tête. Puis, mon regard croise celui du père d’Axel. Ses yeux s’écarquillent, puis se remplissent de larmes. Ses lèvres se tordent en un rictus, sa prise se desserre.
- « T…toi ? »
- « Monsieur, écou… »
- « Pourquoi ? » Me demande t-il.
- « Je n’ai rien fait… Écoutez-moi, je n’ai…rien fait !
- ALORS POURQUOI TU T’ES ENFUI ? »
Il relève son poing au-dessus de sa tête, et, trop faible et fatigué pour lutter, je sens ma mâchoire qui semble se disloquer sous l’impact du poing dément.
Puis un autre, un autre, et encore un autre. Le gout du sang se répand sur ma langue. Mon regard se pose sur celui du père, ses yeux injectés de sang.
Alors qu’il se prépare à me cogner une fois de plus, une conscience profonde s’allume en moi, un instinct, une chose qui s’échappe de moi, et mon assaillant est soudainement projeté avec une violence terrifiante par une force invisible sur plusieurs mètres, et atterrit dans l’escalier qu’il commence à dévaler sur le dos.
Profitant de cette opportunité, je saute sur la corde de fortune, et me jette en bas, dans la rue. Je descends aussi vite que je le peux, me lâche sur les derniers mètres. Mes jambes cognent contre le bitume, mon corps résonne, ainsi que ma tête. Je sens un filet de sang chaud qui coule sur ma tempe, et ma vision se trouble.
« Non…pas maintenant… »
Soudain, j’aperçois un attroupement, au loin, ainsi qu’une voiture de police.
« Le cadavre d’Aline… »
Le destin semblait abattre toutes ses cartes contre moi.
Je me cache derrière une voiture, m’assois et reprend mon souffle. J’entends mon cœur battre comme un fou, et essaye de me calmer, tente de faire le bilan de la situation.
« Le père d’Axel croit que je suis le meurtrier de son fils, et sans doute de tous mes amis. La première chose qu’il fera, c’est d’appeler la police. »
Pas de bol pour moi, y’a deux flics à quelques mètres.
« Je dois éviter de me faire voir. Je dois me cacher. »
Mais où ?
« Chez moi ? Oui, oui c’est une bonne idée. En sachant que les informations ne passeront qu’à treize heures, j’ai environ quatre heures pour rentrer chez moi, me laver, me changer.
« Je dois aussi me soigner. Je perds du sang, j’ai mal partout. Me reposer. Je dois me reposer. Mais d’abord, je dois partir d’ici. »
Mais, pourquoi je fuis ?
« Parce que je ne veux pas moisir en taule pour un meurtre que j’ai pas commis. Et j’ai besoin de comprendre. Pourquoi cette chose est rentrée en moi merde ? Et comment j’ai pût envoyer le daron valser à six mètres sans le toucher ? »
Trop de questions se bousculaient dans ma tête, qui était devenue une fournaise.
Je n’étais sur que d’une chose.
La nuit dernière n’avait rien d’un rêve, et j’étais bien vivant.