On a la vie que l'on merite ! |
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10/02/2008 à 23:57 |
Clownage a écrit :
J'échangerais bien ma place (c'est sincère) parce que ma situation leur serait beaucoup plus utile et j'pourrais mourir en me disant que pour une fois j'aurais servi à quelque chose... Mais j'relativise j'ai une vie de merde mais j'm'en contente...
Qu'est-ce que tu appelles une vie de merde ? Si tu peux répondre à ce topic c'est que tu as Internet, et si tu as Internet ça signifie que ta famille a un train de vie acceptable, si elle peut payer la connexion en plus du reste. Si tu réponds à ce topic, ça signifie que tu as le loisir de visiter ce site, et donc que tu as du temps libre pour profiter de la vie. ça signifie que pendant ce temps, tu n'es pas en train de courir pour éviter les bombes, tu n'es pas en train de mendier ou de travailler pour avoir de quoi bouffer le soir, tu n'es pas cloué à l'hôpital par une maladie incurable qui te condamne à la paralysie et à une mort imminente, tu n'es pas aveugle et tu es capable de lire et écrire. Evidemment, tu as sûrement des problèmes dans la vie, on en a tous.
Mais par pitié, cesse de te lamenter sur ton sort ! Tu as une chance inouïe et tu ne le réalise même pas ? "J'ai une vie de merde", mais quelle pitié de lire ça ! Tu as le droit d'être malheureux, tu as le droit de ne pas savoir te contenter du minimum, mais tu n'as pas le droit de clamer que tu as une vie de merde. Relativise, regarde autour de toi, regarde ta planète. Va en Afrique voir les gosses qui crèvent de faim, va à Kaboul voir les femmes qui n'ont pas le droit d'exposer la moindre partie de leur corps et qui vivent en permanence sous un voile. Seras-tu capable de les regarder dans les yeux et de leur dire "J'ai une vie de merde" ?
Tu parles de relativiser, tu parles de te contenter, mais ces termes sont en totale opposition avec cette phrase, "j'ai une vie de merde". Si tu savais relativiser, tu ne dirais pas ça ; si tu savais te contenter du minimum, tu ne dirais pas ça.
Je vis dans une banlieue, je vais dans un lycée de Cités, et chez moi on vit à trois avec le SMIC, heureusement qu'on reçoit des allocs parce qu'il n'y a pas de père dans la famille, sinon on aurait du mal à tenir. Ma mère bosse douze heures par jour pour toujours le même salaire, et quand j'étais petite j'ai dû faire l'éducation de mon frère parce qu'elle ne pouvait pas l'assurer. Est-ce que je me plains ? Non. J'ai une vie magnifique, même s'il n'y a pas beaucoup d'argent à la maison et que les relations familiales sont tendues en permanence. Quand je me sens mal, je pense à tous ceux qui ont besoin d'aide. Quand je n'ai pas envie de me lever le matin, je pense à tous ceux que je pourrais aider en achevant mes études d'éducatrice ou en m'engageant dans l'humanitaire, et je me continue. Quand je cours en zigzag devant les CRS, le dos endolori de coups de matraque, les yeux qui pleurent le gaz lacrymogène et la peur fixée sur les flash ball qui sifflent, je me dis que ma cause est juste et qu'elle mérite tout cela.
Oui, du gros étalage de vie, et une vie loin d'être passionnante. Simplement pour te faire comprendre que tu trouveras toujours pire et toujours mieux ; mais il ne faut pas se lamenter en enviant le mieux, il faut penser au pire et, si tu as l'âme compatissante, tenter de faire changer les choses.